dimanche 30 avril 2017

Dieu Embauche

Kyrie eleison DXI ( 29 avril 2017)

De l’univers entier c’est Dieu qui est le Maître.
Donc Son ciel se remplit malgré maint vilain traître.

Sur de brûlants problèmes actuels l’abbé Jean-Michel Gleize, Professeur de Théologie au Séminaire d’Écône de la Fraternité St Pie X, a rédigé deux articles qui jettent une lumière intéressante sur leur solution. D’abord, le Pape peut-il tomber dans l’hérésie formelle ? Réponse, peut-être, parce qu’on n’a pas toujours cru comme depuis quelques siècles que les Papes sont aussi libres d’erreur. Et ensuite, le document papal Amoris Laetitia montre-t-il que le Pape François est tombé dans l’hérésie formelle ? Réponse, dans le sens strict des mots, non, mais en effet, oui, parce que le néo-modernisme subvertit la doctrine tout en faisant semblant de la maintenir. Cette deuxième question devra attendre un autre numéro de ce « Commentaire », mais pour ne pas se laisser piéger entre le libéralisme et le sédévacantisme, l’abbé Gleize a dû commencer par la première question.

Dans son premier article (qui est plus court), il dit qu’à partir de la dite Réforme Protestante, les théologiens catholiques en général, notamment St Robert Bellarmin, ont tenu que le Pape ne peut pas tomber dans le refus conscient et pertinace d’un dogme défini de l’Église, i.e. dans l’hérésie formelle. Pour étayer leur thèse ils citent l’ordre de Notre Seigneur à St Pierre de confirmer ses frères dans la foi (Lc.XXII, 32), ce qui supposerait que Pierre lui-même ne peut pas la perdre. Et jamais dans toute l’histoire de l’Église, disent-ils, un Pape n’est tombé dans l’hérésie formelle. Par contre avant la révolution Protestante, dit l’abbé Gleize, les théologiens catholiques du 12me au 16me siècle ont jugé en général qu’un Pape peut tomber dans l’hérésie formelle, et cette opinion continue jusqu’aujourd’hui, tout en étant moins commune.

L’abbé conclut qu’en vue surtout des Papes Conciliaires, les théologiens plus récents n’ont pas prouvé leur thèse. Quant à l’argument que Pierre sera toujours protégé par Notre Seigneur de l’hérésie formelle, il faut répondre que la foi est un acte de l’esprit poussé par le libre-arbitre, et il est bien rare que Dieu interrompe le libre-arbitre des hommes. Quant aux Papes dans l’histoire, il y a le cas d’Honorius, anathématisé par ses successeurs pour avoir favorisé l’hérésie monothélite. Certes, tous n’acceptent pas cette conclusion de l’abbé, mais si on la considère du point de vue historique des Sept Époques de l’Église, elle se défend.

Par trois Époques (Apôtres 33–70, Martyrs 70–312, Docteurs 312–500+) l’Église s’est hissée à la Quatrième Époque, les mille ans de la Chrétienté triomphante (500+-1517). Mais vers la fin de ce Moyen Age le Diable, aidé par le péché originel, rongeait la Chrétienté, et les hommes ont lancé la Cinquième Époque, celle de l’Apostasie (1517–2017 ?). Ici les Chrétiens décadents ont inventé une forme d’hypocrisie après l’autre (Protestantisme, Libéralisme, Communisme, entre autres) pour rendre hommage à la vertu et la civilisation chrétiennes, tout en se « libérant » pour profiter du dernier vice, tel le « mariage » de même sexe. Or le Bon Dieu aurait pu faire durer sans fin le Moyen-Age, mais pour cela il aurait fallu interrompre le libre-arbitre. Donc Il a préféré douer Son Église d’un faisceau de Saints spéciaux pour mener la Contre-Réforme, ce qui lui a valu sur les 500 ans suivants, pour varier la population de Son Ciel, une moisson de Saints post-médiévaux. Donc comme antidote à la corruption de l’homme post-médiéval Dieu aurait choisi de renforcer l’autorité dans Son Église pour que les âmes voulant se sauver, mais ne le voulant plus assez par la vertu intérieure, pussent au moins être dirigées encore vers le Ciel par l’autorité extérieure. A ce moment-là, bien sûr, le Diable s’est mis à travailler surtout les autorités élevées de l’Église, et après quatre siècles et demi, c’est comme si le Bon Dieu a dit, « Si vous ne voulez plus de Mon Église à Moi, alors ayez la vôtre, » et voilà Vatican II.

Tout cela fait que l’autorité dans l’Église est en ruines, humainement irréparables, et Dieu va recourir à d’autres moyens pour faire sortir de notre monde spirituellement épuisé une nouvelle moisson d’âmes.
Un Châtiment garantira l’éclat initial de l’Église de la Sixième Époque, mais le Diable et le péché originel y auront comme matière à travailler une nature humaine affaiblie en profondeur par le libéralisme de la Cinquième Époque, en sorte qu’il ne leur faudra pas longtemps pour faire arriver la Septième Époque, celle de l’Antichrist. Mais celle-ci sera en même temps l’Époque de quelques-uns des plus grands Catholiques de toute l’histoire de l’Église – une moisson de Saints exceptionnels.

Kyrie eleison.

samedi 29 avril 2017

Dédiabolisation de la FSSPX : décision exemplaire de Mgr Planet

 Note : Sur le site Riposte Catholique, on apprend que l'évêque de Carcassonne applique "généreusement" les dispositions mises en place récemment par Rome pour faciliter les mariages dans la FSSPX.  Les prêtres de la Tradition dans ce diocèse accepteront-ils ces dispositions qui les "intègrent" de plus en plus dans l'église conciliaire ?  Il est bien difficile de refuser de baiser la main de celui qui vous offre ce que vous prenez pour un cadeau ...


On sait qu’une lettre de la Commission Ecclesia Dei du 27 mars 2017 informait les évêques de l’univers que le pape avait approuvé des dispositions visant à assurer la validité de mariages célébrés par des prêtres de la Fraternité Saint-Pie-X. Interprétant le plus généreusement possible les dispositions de cette lettre, Mgr Alain
Planet, évêque de Carcassonne, par décret qui sera bientôt publié, donne sans restriction, sur tout le territoire de son diocèse, délégation pour recevoir les consentements matrimoniaux à tous les prêtres de la Fraternité Saint-Pie X dans toutes les chapelles de cette Fraternité. Les mariages qu’ils célébreront seront inscrits sur les registres de la chancellerie diocésaine.
    
En outre, si les mariages sont célébrés par ces prêtres dans des églises paroissiales, les curés sont invités à déléguer leurs pouvoirs ordinaires pour recevoir les consentements, comme ils le feraient pour tous prêtres catholiques.

vendredi 28 avril 2017

28 avril : fête de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, patron du séminaire


Ce n'est pas un hasard si la Providence a mis le séminaire de la fidélité catholique sous le patronage de St Louis Marie Grignion.  Nos lecteurs ignorent peut-être un peu sa vie. C'est pourquoi nous leur proposons ce résumé bien édifiant. Nous les invitons à prier ce grand saint pour obtenir de saints prêtres.


Louis-Marie Grignion de La Bacheleraie est né à Montfort en Bretagne, le 31 janvier 1673 et il est mort le 28 avril 1716. Il abandonna plus tard le nom de sa famille, pour prendre celui du lieu de sa naissance et de son baptême. Issu d’une famille de 18 enfants, sa première éducation fut pieuse et forte. Il la compléta chez les Jésuites de Rennes.

A 20 ans, Saint Louis Marie Grignion de Montfort quitta famille et amis et partit à pied pour Paris, ayant le désir d’entrer au séminaire. En chemin, il donnait aux pauvres qu’il rencontrait, le peu de biens qu’il avait avec lui. Et c’est en haillons mais en se sentant libre et heureux qu’il arriva dans la capitale.


Il entrait au séminaire pour garçons pauvres. La nuit, il veillait les morts pour pouvoir payer sa pension. Chargé de la bibliothèque au séminaire, il dévorait tout ce qui était écrit sur la sainte Vierge.


Il fut ordonné prêtre et le 5 juin 1700, il célébra sa première messe à l’église Saint Sulpice. Il fut d'abord nommé aumônier à l'hôpital de Poitiers, où il opéra une réforme aussi prompte qu'étonnante. Il fonda en 1703, avec Marie-Louise Trichet, une congrégation féminine purement hospitalière à l’origine, les Filles de la Sagesse, qui étendra vite son activité à l’enseignement des enfants pauvres.

De son côté, il commença une prédication itinérante qui, avec des méthodes et peu appréciées des libertins, s’avéra très efficace. Ballotté ensuite pendant quelques temps par les persécutions que lui suscitaient les Jansénistes, il décida de se rendre à pied à Rome, en vue de s'offrir au Pape Clément XI pour les missions étrangères.

Il reçut du Souverain Pontife l'ordre de travailler à l'évangélisation de la France : «Vous avez, Monsieur, un assez grand champ en France, pour exercer votre zèle ; n’allez point ailleurs, et travaillez toujours avec une parfaite soumission aux évêques dans les diocèses desquels vous serez appelé : Dieu par ce moyen en donnera bénédiction à vos travaux»

Dès lors, pendant dix ans, il alla de missions en missions, dans plusieurs diocèses de l'Ouest, qu'il remua et transforma par sa parole puissante, par la flamme de son zèle et par ses miracles.
Le Père de Montfort alimentait sa vie spirituelle dans une prière continuelle et dans des retraites prolongées, il fut l'objet de visions fréquentes de la Sainte Vierge.

Saint Grignion de Montfort était favorisé de visions

Ses cantiques populaires complètent les fruits étonnants de sa prédication. Il plantait partout la Croix.


Il semait partout la dévotion au Rosaire : il préparait providentiellement les peuples de l'Ouest à leur résistance héroïque au flot destructeur de la Révolution, qui surgira en moins d'un siècle, car curieusement, tous les territoires de l’Ouest de la France évangélisés par le Père de Montfort furent les même qui se soulevèrent pour la défense de la Foi lors des Guerres de Vendée.

Après seize ans d'apostolat, épuisé par la fatigue et la pénitence, il mourut en 1716, en pleine prédication, à Saint-Laurent-sur-Sèvre (Vendée), à quarante-trois ans, laissant, pour continuer son œuvre, les Pères Montfortins, une Société de missionnaires, les Sœurs de la Sagesse, et quelques Frères pour les écoles, connus partout aujourd'hui sous le nom de "Frères de Saint-Gabriel".

Il a été béatifié par Léon XIII puis canonisé par Pie XII en 1947.

Saint Louis-Marie Grignion de Montfort a composé "le Traité de la vraie dévotion à la Sainte Vierge" au début des années 1700, mais le manuscrit demeurera longtemps enveloppé dans le silence d'un coffre et restera pratiquement inconnu pendant plus d'un siècle.

Lorsque, finalement, presque par hasard, il fut découvert en 1842, et publié en 1843.

Cette œuvre destinée à devenir un classique de la spiritualité mariale, eut un succès immédiat, et se révéla être une œuvre d'une extraordinaire efficacité pour diffuser la "vraie dévotion" à la Très sainte Vierge.



Quelques prophéties de Saint Louis-Marie : 


« Marie doit éclater, plus que jamais en miséricorde, en force et en grâce dans les derniers temps… 
 

Sur la fin des temps, et peut-être plus tôt qu’on ne le pense, Dieu suscitera de grands hommes remplis du Saint-Esprit et de l’esprit de Marie, par lesquels, cette divine Souveraine fera de grandes merveilles dans le monde pour y détruire le péché et y établir le règne de Jésus-Christ... 
 

Les amis du monde persécuteront plus que jamais ceux et celles qui appartiennent à la Très Sainte Vierge. 

Mais l’humble Marie aura toujours la victoire…

Le pouvoir de Marie éclatera sur tous les démons particulièrement dans les derniers temps… »

mercredi 26 avril 2017

Suite à l'itinéraire d'un catholique non perplexe de l'abbé Lorans.

Un lecteur assidu de notre site s'est permis de prolonger  l'itinéraire de ce catholique non perplexe :

2019 : Rome publie un document selon lequel il faut prioritairement enseigner la nouvelle théologie dans les séminaires, et maîtriser la nouvelle théologie est une condition pour monter en grade dans l’Église, néanmoins ceux qui le souhaitent pourront s'en tenir à la théologie thomiste,
=> chant du Te Deum à Ecône, car Rome reconnaît que saint Thomas d'Aquin n'a pas quitté l'Eglise,

2020 : la (néo)FSSPX suggère aux fidèles de cotiser au denier de Saint-Pierre

2021 : nouveau document de Rome selon lequel, malgré la situation irrégulière de la FSSPX, les fidèles peuvent recevoir validement le sacrement de confirmation des mains des évêques de la FSSPX, "afin que l'Esprit puisse répandre ses inspirations" ; mais il faudra reconnaître que ce devrait normalement relever de la responsabilité des évêques diocésains,
=> chant du Te Deum, l'abbé Lorans pense encore plus que Georges n'est pas perplexe,


2023 : institution de la prélature personnelle Pie X (PPPX), signée par le préfet de la commission Ecclesia Dei,
=> les tradi-libéraux applaudissent, Te Deum, les cloches sonnent, etc.
=> d'autres, au jugement émoussé par les étapes précédentes, constatent ce nouveau fait sans trop savoir quel sens lui donner,
=> d'autres qui ont gardé un bon fond anti-libéral ne veulent néanmoins pas prendre leur "indépendance" vis-à-vis du monde traditionaliste officiel, chercheront à minimiser la chose, se disent qu'ils ne se laisseront pas faire,
puissance de la subversion : il est fort possible que ces derniers représentent encore une bonne proportion,

Considérons l'abbé Georgeon, de moins en moins perplexe paraît-il, mais qui devra vivre dans la PPPX,

2024 : arrivent dans les chapelles de la PPPX des ralliés et divers conservateurs conciliaires, qui ne font pas la différence entre "Summorum Pontificorum" de Benoît XVI et "Quo Primum tempore" de Pie V, ils ne font pas non plus la différence entre un ralliement et une régularisation (et pour cause!), ils préfèrent le nouveau catéchisme de 1992 au catéchisme de saint Pie X, ils invoquent 'saint' Jean-Paul II ; les jeunes ne s'habillent jamais correctement ;
=> l'abbé Georgeon veut faire la leçon à ces gens, l'affaire remonte à un niveau supérieur, on demande à ce prêtre de se montrer plus patient...

2025 : Mgr M., du diocèse de G., se propose de conférer le sacrement de confirmation à ses ouailles de la PPPX, il garantit qu'il procédera selon le rite traditionnel et que son sermon ne fera pas l'apologie de l'oecuménisme, néanmoins le reste de l'année il confirme à la moderne et il multiplie les rencontres interreligieuses,
=> l'abbé Georgeon voudrait s'opposer a sa venue, disant que Mgr de Galarretta viendra d'ici six mois, saura-t-il convaincre ?

2026 : cette fois-ci, en l'absence de prêtre dans une grande paroisse, Mgr M. demande qu'un prêtre de la PPPX vienne officier de temps en temps, selon le "rite extraordinaire" bien sûr,
=> l'abbé Georgeon devra-t-il adapter son enseignement au style de ces paroissiens ?

2027 : se présentent au séminaire d'Ecône des jeunes très gentils et très pieux mais qui ne sont pas du tout intéressés par les idées de saint Pie X (ni de Mgr Lefebvre),
=> le directeur du séminaire veut renvoyer ces recrues, mais l'affaire remonte au niveau de la prélature, qui cherche un arrangement...

2028 : le diocèse organise un pèlerinage à Lourdes, obligation pour les paroisses PPPX de diffuser l'annonce, des fidèles (PPPX) vont participer afin de faire la connaissance des autres (conciliaires)

2029 : problèmes chez les dominicaines, alors que l'ancien évêque diocésain était resté distant avec elles, le nouvel évêque souhaite contrôler ce qu'elles étudient, la façon dont elles éduquent les filles, il envoie des inspecteurs, se plaint à la prélature des réponses incomplètes apportées par les soeurs, etc.

2030 : le besoin de renouveler les évêques auxiliaires de la PPPX se fait de plus en plus pressant, le dossier traîne en longueur à Rome, qui regrette que les candidats présentés n'aient pas plus de diplômes universitaires ou qui suggère qu'il faudrait des candidats plus jeunes (par exemple)

2031 : un évêque ratzinguérien, mais miraculeusement converti par Ecône aux idées traditionnelles, se propose comme évêque auxiliaire,
=> la prélature se sent obligé d'accepter, et fait chanter un Te Deum,

2032 : on fait l'heureux constat que maintenant les écoles de la PPPX ont su avoir suffisamment d'ouverture pour que 50% de leurs élèves ne soient pas des natifs de la pure souche FSSPX (comprendre : plus de la moitié des élèves sont de purs conciliaires)

2033 : un quelconque scandale éclate dans la PPPX (par exemple : indicent diplomatique dans un pays de mission, gros problème financier ou immobilier, affaire de moeurs, etc.), les journaux en parlent, une forte pression médiatique s'exerce. Et c'est alors que l'on découvre que Jésus-Christ n'est plus le critère. Le Vatican veut mieux contrôler cette prélature afin de ne plus rencontrer ce genre de problème à l'avenir. Le Vatican impose des commissaires un peu partout, et il demande aux évêques de mieux contrôler la gestion des chapelles, passe au crible tous les dossiers des clercs de la PPPX, ou fait le tri dans les pays de mission autorisés pour la PPPX, etc.

2034 : la Fraternité saint-Pierre n'est pas non plus exempte de soucis, disparaissent ses petits privilèges (accordés jadis lorsqu'il y avait la FSSPX à l'extérieur mais pas loin), mais de toute façon ces privilèges ne profitaient qu'aux intransigeants et mettaient les autres mal à l'aise,

2035 : la situation s'est calmée, mais apparaissent des idées de fusion entre IBP, FSSP, PPPX, etc., ces idées n'aboutissent pas tout-à-fait mais on crée une autre situation mitigée,

2036 : sentiment généralisé que finalement on n'est pas si mal dans la Grande Eglise, si une cérémonie ne nous plaît pas on n'y va pas, on se demande bien sur quel malentendu Rome a sanctionné Mgr Lefebvre jadis,

2037 : nouvelle tension, un prêtre lassé des pressions contradictoires entre le diocèse et la prélature, puisque cette dernière lui demande de garder le plus possible une façade traditionaliste, souhaite rejoindre entièrement le diocèse tout en gardant sa chapelle PPPX, il est soutenu par une partie des fidèles...

année 2038 : situation apaisée, la PPPX fut une heureuse expérience, tout le monde a bien su s'adapter

mardi 25 avril 2017

Mgr Williamson : « Plusieurs catholiques voulant garder la Foi voient dans ce futur évêque un grand espoir »

Interview avec Son Excellence, Monseigneur Richard Williamson sur la consécration épiscopale de M. l'abbé Gerardo Zendejas.

Par Sean Johnson, 14 avril 2017
 
Bonjour Monseigneur :

Dans le Commentaire Eleison (#504), Votre Excellence annonce son intention de consacrer un quatrième évêque (M. l'abbé Gerardo Zendejas) pour la Résistance le 11 mai à Vienna, VA (États-Unis). Pouvez-vous partager avec nous les principales raisons de ce sacre épiscopal?

Mgr W. :  En automne 2016, les Dominicains d'Avrillé ont publié dans le ‘Sel de la Terre’ une lettre de Mgr Lefebvre datée du 28 octobre 1988 adressée à un traditionaliste anglophone et écrite en anglais. Mgr Lefebvre écrit : “Nous sommes dans un temps de grande apostasie. Nous avons besoin de plus en plus d'évêques et de prêtres, très catholiques. C'est nécessaire partout dans le monde.”

Quelle sorte de réaction Votre Excellence a-t-elle reçue en réponse à cette annonce de consécration épiscopale?


samedi 22 avril 2017

Résurrection Raisonnée

Kyrie Eleison DIX (16 avril 2017)

Jésus ressuscita ? Aucun besoin d’y croire –

La raison me suffit – les arguments d’histoire.

En cette veille de Pâques, rappelons-nous combien il est raisonnable de croire en un événement aussi extraordinaire qu’un homme qui sort tout d’un coup de son sépulcre en déplaçant une pierre tombale normalement assez lourde pour l’empêcher même de rêver d’en sortir. Consultons d’abord la théologie pour voir comment a pu avoir lieu la Résurrection, et ensuite l’histoire pour voir si elle a pu avoir lie
Pour les Catholiques qui par le don surnaturel de la foi croient qu’à l’Incarnation la deuxième des trois Personnes divines, possédant la plénitude de la Nature divine, s’est unie une complète nature humaine, faisant deux natures en une Personne, il n’est pas difficile de concevoir comment la Résurrection a eu lieu.
Sur la Croix, cette Personne est vraiment morte, non pas dans sa Nature divine et immortelle, mais dans sa nature humaine, capable de mourir comme tout homme mortel par la séparation de son âme humaine d’avec son corps humain. Ces deux constitutifs de l’homme Jésus étaient capables de se séparer l’un de l’autre, mais ni l’un ni l’autre ne se sépara de la Personne divine, et c’est pour cela que les Catholiques récitent dans leur Credo qu’ Il (âme et corps) « a souffert . . . est mort », et qu’ Il (corps) « a été enseveli » et qu’ Il (âme) « est descendu aux enfers » (pas l’Enfer des damnés, mais les Limbes des justes décédés, qui attendaient la mort rédemptrice du Christ pour que fussent ouvertes les portes du Ciel fermées par Adam et Eve). Ainsi le corps humain et l’âme humaine du Christ restaient chacun uni à la divine Personne, et pour celle-ci c’était un jeu d’enfants de réunir Son âme humaine avec Son corps humain dans le sépulcre en sorte de redonner vie à Sa nature humaine, complétée de nouveau. Et aucune pierre sur terre n’aura été assez lourde pour l’empêcher de voler tout de suite à côté de Sa Mère pour la consoler.
Mais faut-il donc qu’on ait le don surnaturel de la foi pour accepter la réalité de la Résurrection ? Non, pas nécessairement. Si un esprit incroyant mais droit veut bien peser les arguments purement rationnels puisés dans la psychologie naturelle et l’histoire humaine, il peut facilement en conclure que seul quelque événement au moins aussi sensationnel que la Résurrection peut expliquer les faits tels que nous les connaissons (et que personne ne vienne nous dire que la Résurrection est si douce et gentille et consolante comme conte de fées que personne n’a besoin d’arguments ! Les hommes ont besoin d’arguments. Ce n’est pas pour rien que le Bon Dieu nous a mis, parmi tous les animaux, la tête en haut !).
D’abord un argument psychologique tiré des Apôtres. Depuis trois ans ils apprennent à croire et à avoir confiance en leur divin Maître et à l’aimer. Puis ils s’enfuient tous dans le Jardin de Gethsémani et Jésus est exécuté comme un criminel quelconque. Donc après la Passion ils sont totalement découragés (cf. Jn. XX, 19), réaction plus que compréhensible. Mais 50 jours plus tard les voici de retour à Jérusalem où ils affrontent directement les Juifs pour les persuader de croire en Jésus-Christ, des milliers à la fois (cf. Actes II, 41 ; IV, 4). Et encore 300 ans, et ces Apôtres et leurs successeurs auront converti l’Empire romain lui-même. Voilà les faits de l’histoire. Qu’est-ce qui a pu arriver, moins que quelque chose d’aussi sensationnel que la Résurrection, pour expliquer une telle transformation psychologique de chiens battus (pour ainsi dire) en conquérants du monde ?
Ensuite un argument historique tiré des Juifs. En haine du Christ ils L’ont tué, comme ils se sont efforcés depuis de détruire Son Église. Pourtant dans les 50 jours voici Ses disciples de retour qui leur commandent de se faire baptiser au nom du Christ, en se servant de la Résurrection comme argument principal (Actes II, 24–36). La meilleure façon de les arrêter net, n’aurait-il pas été de produire le cadavre du Christ ? Et n’est-il pas certain, alors comme aujourd’hui, qu’ils disposaient de tout argent, tout pouvoir politique et de toute la force policière pour repérer n’importe quel cadavre, si seulement le cadavre était encore là à repérer ? Mais le christianisme, au lieu d’être arrêté net, a décollé. La seule explication possible, c’est qu’il n’y avait plus aucun cadavre à repérer. La résurrection est vraie, et on n’a même pas besoin de la foi surnaturelle pour l’accepter. Pierre a eu raison – Actes II, 38 – « Repentez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus-Christ. »
Kyrie eleison.

vendredi 21 avril 2017

Semaine Sainte en Irlande et en Belgique

Semaine Sainte en Irlande. L'abbé Ballini, aidé de séminaristes d'Avrillé, a pu organiser de belles cérémonies pour la Semaine Sainte.

L'abbé Salenave était, quant à lui, en Belgique auprès d'un groupe toujours bien solide et fervent dans le bon combat. 







jeudi 20 avril 2017

Finie la porte latine, vive Reconquista ?

Note de Reconquista : le site libéral et ralliériste  Riposte Catholique relève avec exactitude (et satisfaction non dissimulée)  la mort programmée du site de la Porte Latine. Ce site était encore une épine dans le pied des libéraux . Menzingen met donc les bouchées doubles pour en finir avec ce site qui ne cachait pas toujours ses positions anti-accordistes. L'oeuvre antilibérale de Mgr Lefebvre est donc savamment détruite à tous les niveaux de façon méthodique. Les prêtres en charge de Reconquista continueront donc cette oeuvre d'information catholique avec la grâce de Dieu et leurs modestes moyens . Nous invitons aussi instamment nos lecteurs à lire les ouvrages de Vladimir Volkoff sur la désinformation (" le montage" en particulier).


Longtemps, la communication internet 'française' de la FSSPX est passée par La Porte Latine. Or ce site, pour "officiel" qu'il soit, était très marqué par la personnalité du portier. Ce qui posait deux problèmes:   
D'une part, La Porte Latine (officiellement site officiel du "district de France" et parfois "de la Tradition") tendait à devenir un site-univers, visant à un référencement exhaustif de tout sur tout, allant par exemple jusqu'à répertorier les horaires du triduum du séminaire... australien! En résultaient des doublons (pourquoi faire un liste des lieux de messe, quand la Maison Générale fait déjà une carte de toutes les présences, plus efficace et surtout plus à jour?) en plus d'alourdir le site.

D'autre part les positions anti-accordistes du portier ressortaient trop fortement. Telle outrance envers le Saint Père, qu'il aurait du garder pour Medias Presse Info, était publiée aussi sur La Porte. Ces facéties personnelles pouvaient, aux yeux du visiteur non averti, passer pour la position officielle d'une société de plus de 600 prêtres.

Deux annonces indiquent assez la fin de la récréation:
Cependant la FSSPX n'y participait pas, en tant que telle, et si elle arrive en 2017, c'est peut-être moins pour communiquer sur un lieu qui a perdu de son importance stratégique, que pour couper l'herbe sous le pied de La Porte Latine.
 Pour schématiser, La Porte Latine mettait sur le Forum aussi bien les textes officiels de la FSSPX que le spectacle de fin d'année de telle de ses écoles. La FSSPX publie désormais elle-même ce qu'elle estime devoir être lu sur le Forum Catholique, privant La Porte Latine de la meilleure partie de ses interventions.
  • Ensuite l'accélération du branding. DICI annonce ce 13 avril le lancement à venir du site FSSPX/Actualités ce qui correspond à son propre "branding". Surtout, DICI profite de cette annonce pour faire l'éloge de cet effort permettant "d’identifier clairement la Fraternité sur Internet", et liste les sites "déjà renouvelés", ce qui signifie assez à La Porte Latine que ses mois sont comptés, et que le FSSPX, quand elle parle français sur internet, entend le faire par sa propre voix.

Bref, tout indique qu'en vue d’accueillir les curieux par dizaines de milliers sur ses sites, la FSSPX a décidé de passer un coup de torchon.

Les Rameaux au séminaire de Cebu




 Suite des autres photos ci dessous :

mercredi 19 avril 2017

Combien de prêtres quitteront la "fsspx" en cas de prélature selon l'abbé Schmidberger

Un interview récent de M l'abbé Schmidberger vient d'être publié sur un site catholique- moderniste allemand (http://de.catholicnewsagency.com/story/interview-mit-pater-schmidberger-sspx-berufungen-fatima-beichte-konzil-franziskus-1785)

On a droit une nouvelle fois au blabla ralliériste de l'ancien supérieur de la fsspx mais c'est la finale qui est intéressante.

Le journaliste lui demande en effet s'il ne craint pas une hémorragie de prêtres de la fsspx en cas de prélature

Citation:

BADDE: Fürchten Sie in dem Fall aber nicht eine enorme Zerreißprobe und mögliche Spaltung der Bruderschaft, weil ein nicht geringer Teil von Ihnen diesen Schritt womöglich nicht mehr mitmachen will - nach all den Jahren ihrer leidenschaftlichen Auseinandersetzung mit Rom?

Badde: Ne craignez vous pas de tomber dans une grande épreuve et une possible division de la fraternité , parce qu'une partie non négligeable d'entre vous ne voudrait pas se joindre à cette étape - après toutes ces années de débats passionnés avec Rome?

SCHMIDBERGER: Bei einer Regularisierung unserer Beziehung zu Rom würde uns vielleicht der eine oder andere Mitbruder verlassen; viele werden es aber bestimmt nicht sein. Bei der Bischofskonsekration 1988 waren es 17. Jedenfalls sehe ich nicht die Gefahr einer Spaltung.

SCHMIDBERGER: A l'occasion d'une régularisation de nos relations avec Rome, l'un ou l'autre confrère pourrait nous quitter; mais beaucoup ne sont pas déterminés. Lors de la consécration épiscopale en 1988, il n'y a eu que 17 départs Quoi qu'il en soit, je ne vois pas le danger d'une scission.

Il n'y a donc pas d'inquiétudes pour l'abbé Schmidberger, peu de prêtres quitteront la fsspx dans le cas d'une prélature.

Comment interpréter cette analyse ?

1) Soit l'abbé Schmidberger prend ses désirs pour la réalité, auquel cas il se trompe lourdement et va effectivement se trouver dans une crise effroyable. Nous ne le pensons pas .

2) Soit l'abbé Schmidberger connaît bien la situation morale et spirituelle de l'actuelle fsspx (je pense que c'est le cas car il a eu le loisir de connaître les prêtres de la fsspx comme ancien supérieur de la fsspx et les vocations dans son actuel séminaire) et doit bien cerner l'état des prêtres dans leur ensemble.
Cette analyse rejoint d'ailleurs celle de Marcel de Corte (et de Mgr Williamson) qui constatait la pénurie de personnalités. Le socialisme et le libéralisme ambiant a tellement perverti et annihilé les intelligences et donc les personnalités que l'on se trouve désormais devant une masse d'individu qui ne saura plus prendre des décisions salvatrices.

Par Mikaël   ( source Résistance Catholique Francophone)

samedi 15 avril 2017

Homélie de Mgr Lefebvre - Pâques 1977 ( 40 ans)

Homélie Monseigneur Lefebvre
Pâques 10 avril 1977
Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,

Au cours des journées qui ont précédé cette fête de la Pâque, ce n’est pas sans émotion que nous avons suivi Notre Seigneur. Nous avons suivi Notre Seigneur à la sainte Cène, lorsqu’Il consacrait
ses apôtres et en faisait des prêtres pour l’éternité. Nous l’avons suivi au Jardin des oliviers ; nous l’avons suivi encore sur le chemin du Calvaire.

Et comme le dit saint Augustin dans l’une des leçons que nous lisons au cours de ces saintes Journées. Notre Seigneur s’est présenté au cours de ces journées, comme homme. C’est vraiment un homme qui a sué du sang et de l’eau ; c’est vraiment un homme qui a été flagellé ; c’est un homme qui a été présenté aux juifs : Ecce homo : « Voici l’homme ». C’est encore un homme qui a été crucifié, dont le coeur a été percé.
Et c’est pourquoi ceux qui L’ont crucifié, ricanaient en face de la Croix où Il était suspendu, en disant : « Si tu es le Fils de Dieu, descend donc de la Croix et nous croirons en toi ».
Ô les misérables ! Ils connaissaient pourtant, eux, soi-disant du moins, les Écritures. Ils devaient savoir que lorsque le Messie serait sur terre, il serait crucifié. Tout cela avait été prédit dans les Écritures : son coeur serait transpercé ; Il verserait son Sang pour la Rédemption des péchés. Mais que, trois jours après. Il ressusciterait par sa propre force, par sa Toute-Puissance. Comme l’a dit Notre Seigneur : « Je dépose mon âme volontairement et je la reprendrai ».
Et voici que après ces journées, au cours desquelles d’ailleurs, beaucoup de ses disciples, de ses apôtres, l’ont abandonné, ont fui, ont eu peur, voici que tout à coup, Il manifeste sa divinité. Et d’une manière fulgurante. C’est dans toute sa splendeur que Notre Seigneur sort du tombeau. À tel point que les gardes sont terrassés par la splendeur qui sort du tombeau avec le Corps de Notre Seigneur plus éblouissant que le soleil.
Ah, nous aurions bien voulu être présents à cet événement ! Comme nous aurions voulu pouvoir suivre de nos yeux ce qu’ont pu voir ceux qui ont approché Notre Seigneur dans ces moments. Et voici que devant cet événement, événement unique dans l’histoire de l’humanité, nous devons choisir : Ou nous croyons qu’un homme-Dieu est ressuscité et par conséquent qu’il a manifesté sa divinité, ou nous le refusons. Eh bien, mes bien chers frères, nous avons choisi. Nous l’avons dit au cours de cette nuit de Pâques, lorsque nous avons renouvelé les promesses de notre baptême. On nous a demandé :
- Croyez-vous en Notre Seigneur qui est ressuscité et qui est monté au Ciel ?
- Nous croyons.
Nous avons répété ce que nos parrain et marraine ont dit pour nous, au jour de notre baptême et nous l’avons fat consciemment. Mais avons-nous songé que cette profession de foi que nous avons répétée au cours de cette nuit, nous engage, comme elle nous a engagés au jour de notre baptême et qu’elle a des conséquences très graves, très importantes ?

Car si nous croyons que Notre Seigneur est Dieu, que c’est vraiment Notre Seigneur Jésus- Christ, le Dieu Tout-Puissant, Celui par qui tout a été fait, qui est ressuscité le jour de Pâques, alors nous devons Le suivre, nous devons lui obéir.

Comme l’ont fait les juifs, lorsque les apôtres leur ont rappelé qu’ils avaient crucifié Notre Seigneur et que les juifs demandaient aux apôtres : « Mais alors, que devons-nous faire ? » Que devons- nous faire ? Et les apôtres leur ont dit : « Vous devez faire pénitence et recevoir le baptême ».

Faire pénitence et recevoir le baptême. Eh oui, désormais, plus aucun homme, aucune âme sur terre ne pourra être sauvé, ne pourra aller au Ciel, ne pourra atteindre le but pour lequel il a été créé, sans recevoir le baptême catholique.

Eh oui, cela est logique, car il faut que le baptême produise la sainte grâce. Il faut que ce baptême donne la grâce. Qu’est-ce que la grâce ? La grâce n’est pas autre chose que notre participation à la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa nature divine. Par le baptême nous devenons participants à la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ, à sa nature divine. Et nous avons besoin de cette appartenance pour entrer au Ciel.
Nous ne pouvons plus rien faire, sans Notre Seigneur Jésus-Christ. Il est le seul intermédiaire. Nous ne pouvons plus accomplir une seule action qui soit méritoire, si nous ne sommes pas avec Notre Seigneur Jésus-Christ.

Voilà les conséquences de la Résurrection. Car il n’y a eu qu’un seul homme qui a pu dire qu’il avait ressuscité par ses propres forces ; qu’il avait déposé son âme et qu’il l’avait reprise. Il n’y a que l’auteur de la vie et de la mort qui est capable de dire une chose semblable, par conséquent Dieu Lui-même.
Si vraiment, c’est Dieu qui est ressuscité, les hommes ne peuvent pas être indifférents à la venue de Dieu qui est ressuscité parmi eux et qui leur dit : « Vous ne pouvez plus rien faire sans moi ». Ceci est très grave.
Et si nous jetons un regard sur ces vingt siècles qui ont suivi la résurrection de Notre Seigneur Jésus-Christ, nous sommes obligés de constater que l’humanité s’est divisée. Il y a ceux qui croient en Notre Seigneur Jésus-Christ et il y a ceux qui ne croient pas. Et Notre Seigneur l’a dit Lui-même : « Celui qui n’est pas avec moi est contre moi ». Oui, parce que nous avons le devoir de croire à Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est un devoir strict et un devoir qui a pour conséquence de nous donner la vie éternelle ou de nous l’enlever pour toujours. Or nous voyons au cours de l’histoire, que c’est précisément autour de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ et sur la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ, que les hommes se sont divisés.

Déjà dans les débuts de l’ère chrétienne, avec Arius, avec Nestorius, avec Eutychès, avec Pelage, toutes ces erreurs qui ont germé dans les débuts de la chrétienté, sont toutes à propos de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ou bien on n’en fait qu’un Dieu, il n’est pas homme ; ou bien on n’en fait qu’un homme. On veut le réduire à un homme purement et simplement. On veut diviser Notre Seigneur Jésus-Christ. Et tout cela, toujours, pour échapper à sa loi, pour ne plus lui obéir, pour être libéré de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Parce que si nous croyons que Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, alors nous devons obéir à sa loi, au Décalogue qu’il nous a donné. Nous devons obéir à notre foi, qui nous oblige à réciter notre Credo. Nous devons obéir aussi à toute l’Église, qu’il a instituée et par laquelle Il nous donne le Saint Sacrifice de la messe et les sacrements. Tout cela nous engage et nous voyons qu’après toutes ces erreurs des débuts de la chrétienté, la lutte contre Notre Seigneur Jésus-Christ s’est développée sous le prétexte d’humanisme au moment de la Renaissance qui a produit le protestantisme, qui, en définitive, a voulu se libérer de la religion chrétienne, par le libre examen de la Sainte Écriture, que chacun pense ce qu’il croit devoir penser lorsqu’il lit la Sainte Écriture ; se libérer de la Sainte Église de Dieu.

Et plus nous avançons et plus nous voyons que les hommes veulent se séparer de Notre Seigneur Jésus-Christ, jusqu’au moment où il deviendra une chose normale, que les sociétés, que les familles ne soient plus chrétiennes, n’acceptent plus Notre Seigneur Jésus-Christ. Et surtout la société, que la société ne soit plus chrétienne ; quelle n’obéisse plus à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et pourtant tout est entre ses mains. Rien n’échappera à Notre Seigneur Jésus-Christ au jour du Jugement. Ni les princes, ni les rois, ni les empereurs ; ni tous ceux qui ont été les princes des nations, de ce temps et de cette terre, n’échapperont à Notre Seigneur Jésus-Christ.
Et c’est pourquoi nous devons remettre en honneur, la soumission que nous devons avoir en Notre Seigneur Jésus-Christ. C’est Lui qui doit régner en nous, en nos personnes, dans nos âmes, dans nos volontés : Il est le Roi. Il est notre Roi, parce qu’il a gagné son royaume par sa Croix et par sa Résurrection. Il est le Roi de nos familles. Nous devons toujours introniser Notre Seigneur Jésus- Christ dans nos familles. C’est Lui le Roi de nos familles. C’est Lui qui a créé les parents, les enfants. Et c’est Lui qui les a rachetés par son Sang.
Dans nos cités, nos cités ont été créées par Notre Seigneur. Toute la société a été créée par Notre Seigneur. Les sociétés sont des créatures, car en définitive, la société civile est une créature de Dieu, comme la famille est une créature de Dieu ; elle doit aussi l’obéissance à Notre Seigneur Jésus- Christ.

Or qu’entend-on dire aujourd’hui ? Et surtout particulièrement depuis le dernier concile ? On veut faire échapper précisément toute la société au règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. Et l’on voudrait estimer, comme étant de même valeur, toutes les religions. Et par conséquent mettre sur le même pied les auteurs des différentes religions. Eh bien cela nous ne le pouvons pas. Parce que seul Notre Seigneur Jésus-Christ est ressuscité : seul Il est Dieu !
Et nous devons tout faire pour que ceux qui ne croient pas viennent à notre croyance, viennent à notre foi. Que nous ayons un esprit missionnaire. Que si vraiment nous croyons que Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu, nous devons le prêcher partout et essayer d’instaurer son règne partout. On nous dira : ce n’est pas possible à notre époque. Et nous savons bien que le règne de Notre Seigneur ne sera jamais parfait. Mais nous devons y tendre. Nous non plus nous n’arriverons probablement pas à être tous des saints. Nous aurons toujours des défauts, des tendances au péché. Est-ce que c’est pour cela que nous ne devons pas faire d’efforts pour le devenir ? Ce n’est pas parce que nous avons de la difficulté d’atteindre notre sanctification, que nous devons dire : il est inutile de la rechercher.

Mais c’est la même chose ici dans ce monde. Même si nous avons de grandes difficultés à faire parvenir le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans nos sociétés, ce n’est pas une raison pour ne pas rechercher son règne. Car c’est le salut des âmes, des âmes qui, par tous les scandales du monde se perdent. Or, on se demande aujourd’hui : Où est le monde ?

Lorsque l’on nous dit : Les protestants sont nos frères séparés. Lorsque l’on dit aux catholiques : Vous pouvez désormais faire partie de la franc-maçonnerie ; ce n’est plus exclu et il n’y a plus d’excommunication. Vous pouvez introduire dans vos églises des chapelles bouddhistes ou musulmanes, parce que ces gens ont bien droit à avoir leur religion et à pratiquer leur religion comme ils l’entendent.

Mais où est le monde aujourd’hui ? Si Notre Seigneur était encore présent ici-bas, qu’aurait-Il dit ? Est-ce qu’il n’aurait plus prononcé ces paroles : « Le monde me hait et le monde vous haïra parce que vous m’aimez, parce que vous croyez en moi ». Où est le monde ? N’existe-t-il plus ? Mais il n’a jamais existé autant qu’aujourd’hui ; jamais autant qu’aujourd’hui Satan n’a eu d’influence dans notre monde.
Et toute cette influence est contraire à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et c’est pourquoi nous devons
maintenir notre foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous conclurons en disant que nous devons être fidèles. La fidélité doit être l’apanage des vrais catholiques. D’ailleurs on nous appelle : les fidèles. Nous sommes fidèles. Si nous sommes fidèles, nous devons pratiquer la fidélité. Qu’est-ce que la fidélité ? Sinon maintenir nos engagements, maintenir notre foi, dans ce qui a été – ce qui s’est passé – la fidélité comprend le passé, en elle. Il ne peut y avoir une fidélité sans quelque chose qui ait déjà été dit ou qui est déjà conclu. On est fidèle à sa parole, on est fidèle à sa foi. Alors nous voulons être fidèles à notre foi, à la foi de toujours.
On ne peut pas changer notre foi. Et nous croyons bien qu’aujourd’hui, comme au temps de Notre Seigneur et comme depuis 2.000 ans, Satan et le monde sont déchaînés contre Notre Seigneur Jésus-Christ ; contre ceux qui croient à Notre Seigneur Jésus-Christ. Et hélas, aujourd’hui nous le voyons dans l’Église elle-même, non plus en dehors de l’Église, mais à l’intérieur même de l’Église. On limite le règne de Notre Seigneur Jésus-Christ. On ne veut plus que Notre Seigneur Jésus-Christ règne partout, en toutes les âmes et de toutes les manières, dans tous les domaines.

Tu nobis victor Rex miserere : Ô notre Roi vainqueur, ayez pitié de nous. Oui, qu’il ait pitié de nous et qu’il nous aide à être fidèles. Fidèles dans tout ce qu’il nous a donné dans notre sainte Religion. Fidèles à la Sainte Église, fidèles au Souverain Pontife, successeur de Pierre ; fidèles au Saint Sacrifice de la messe ; fidèles aux sacrements ; fidèles à notre foi, à notre Credo, fidèles au Décalogue – dont on voudrait supprimer certains articles aujourd’hui.
Eh bien , nous promettons aujourd’hui, n’est-ce pas mes bien chers frères, d’être fidèles à ce que l’Église nous a toujours enseigné et de transmettre aux générations futures la foi qui nous a été donnée par nos parents, qui nous a été donnée par nos prêtres, qui nous a été donnée par l’Église depuis vingt siècles.
Nous le demanderons à la très Sainte Vierge Marie – Virgo fidelis – à la Vierge fidèle – elle est restée avec Jésus au pied de la Croix, elle ne s’est pas enfuie, elle n’a pas abandonné Notre Seigneur. Alors nous demanderons à la très Sainte Vierge d’être aussi toujours avec elle auprès de Notre Seigneur.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.

vendredi 14 avril 2017

Lettre ouverte aux catholiques toujours perplexes

L'abbé Lorans a publié dernièrement sur le site officiel de la (néo) fsspx un petit texte intitulé de façon bizarre " Itinéraire d'un catholique non perplexe". L'abbé Lorans a en fait simplement modifié le titre du livre publié en 1985 par Mgr Lefebvre "Lettre ouverte aux catholiques perplexes" en lui apposant une négation.  Tout un programme. Pourquoi M l'abbé Lorans se sent-il obligé d'apposer une négation concernant la perplexité des catholiques en 2017 ?

Ce petit mot de M l'abbé Lorans laisse en effet tout bon catholique plus que perplexe. Comment se fait-il qu'un catholique pouvait être perplexe en 1985 et ne le serait plus en 2017 avec un  François qui va bien plus loin que Jean-Paul II dans l'application de la réforme conciliaire ? Même le plus aveugle des hommes est aujourd'hui obligé d'admettre que François "va très loin" dans le chemin de l'hérésie. Même les journaux de gauche le reconnaissent. Mais cela semble laisser Georges (alias l'abbé Lorans) sans perplexité. Incroyable. On se demande aussi au passage comment M. l'abbé Lorans prétend être sans perplexité sur la situation "illégale" de la fraternité avant 2009 et qu'il se réjouisse en même temps de la "levée" des excommunications, de la "reconnaissance" de la Messe traditionnelle par des modernistes, et des mariages de la fsspx. Contradictoire.

Il semble en tout cas que le chargé de communication de la fsspx ne soit pas vraiment perplexe par rapport à la destruction de l’Église par les autorités officielles.

Mais ce petit mot est  tourné pour le rendre acceptable au lecteur. "Ce n'est pas Rome, pourrait  dire M. l' abbé Lorans, que Georges  ne regarde plus sans perplexité mais la tradition à la suite de Mgr Lefebvre". Jusqu'ici nous sommes assez d'accord. Les catholiques de la tradition n'ont en effet jamais eu aucun complexe à suivre les prêtres de la résistance.

Où se situe alors le vice de ce petit texte en apparence bien insignifiant ?

 C'est qu'en vérité, il s'y trouve une inversion du combat de Mgr Lefebvre. La première chose que Mgr Lefebvre attendait de Rome avant toutes les autres réformes, c'est que les autorités officielles reconnaissent la Royauté du Christ sur toutes les âmes et les sociétés : affirmation catholique qui n'est que la conséquence de sa divinité. C'était cela la première raison d'être de la fraternité St Pie X : L'honneur de Dieu, de son Christ et de son Église et pas son petit profit personnel. C'était toute la différence avec les ralliés qui ne recherchent que leurs petits avantages locaux.
 
La perspective de Menzingen et ses agents de communication n'est donc plus du tout celle de Mgr Lefebvre. La  chose qui compte pour eux, c'est le couronnement de la fsspx par la Rome conciliaire,  sa reconnaissance, sa légalité aux yeux des autorités romaines, même apostates.  Ce n'est plus une œuvre au service de Dieu et de Son divin honneur outragé, mais Dieu au service de l’œuvre et de sa reconnaissance sociale. C'est un retournement de l'idéal catholique. Un retournement de la Charité qui, normalement, ne recherche pas sa propre gloire mais celle de son Dieu et Sauveur.
"Peu importe l'apostasie du pape, l'essentiel , pensent-ils,  consiste à avoir notre petite prélature, nos petits prieurés reconnus, nos petits mariages reconnus et alors nous resterons sans perplexité."

Au fond, Georges est un égoïste, un homme sans cœur, sans âme, sans désir de voir Rome convertie. Un homme sans grande perplexité devant la perte de la foi, sans perplexité face à la destruction de la morale catholique.

Notre-Dame de la Salette, Elle au moins, était perplexe, Elle pleurait en annonçant que Rome perdrait la Foi. Notre-Dame de Fatima aussi était perplexe : au point qu'elle demandait à des petits enfants de se sacrifier pour les pécheurs qui tomberaient en enfer comme neige en hiver. Mgr Lefebvre s'indignait des réformes conciliaires mais Georges et ses amis, eux,  sont sans perplexité.

Bernadus



Judas et les judas

14 avril 2012 - 14 avril 2017 
Note : comment concevoir qu'un des intimes du Sauveur ait pu devenir un traître ? Si Notre-Seigneur permit cette chute effrayante, c'est pour donner une leçon à toute l’Église jusqu'à la fin des temps. Ceux que Jésus s'est choisi pour intimes (même les évêques et les prêtres  de la tradition) peuvent devenir, hélas, des judas. Prions pour eux en ce vendredi saint.

Avez-vous jamais entendu l'expression : « un apostat » ? Elle désigne ceux qui connurent la grâce et l'intimité divine et qui plus tard l'abandonnèrent. C'est à eux que Notre-Seigneur fait allusion dans la parabole du semeur : « II n'y a pas en eux de racines ; ils sont inconstants, survienne la tribulation ou la per­sécution à cause de la parole, ils succombent aussitôt ». Appelons-les des « apostats » ; d'autres les appel­lent des renégats.

Personne n'a jamais quitté l’Église, corps du Christ, à cause d'une raison ; beaucoup l'ont quittée à cause d'une chose qui peut être l'orgueil, l'ambition, l'illusion, la sécheresse, la chair, l'un des mille et un succé­danés de la divinité. Ce qui illustrera le mieux cette vérité, c'est l'étude de Judas, l'homme qui quitta Notre-Seigneur pour une chose et de qui le Maître dit : « Mieux vaudrait pour cet homme qu'il ne fût jamais né ».

Un petit enfant naquit un jour à Kerioth. Les amis et les parents vinrent apporter des présents au bébé car il était l'enfant de la promesse. Non loin de là un autre Enfant naissait dans le village de Bethléem. Et parce qu'il était, lui aussi, l'enfant d'une promesse, des amis vinrent, apportant en présents l'or, l'encens et la myrrhe. Ces deux enfants grandirent ; un jour, l'homme de Bethléem rencontra l'homme de Kerioth à la séparation des eaux, et le Seigneur choisit Judas pour son apôtre.

Seul parmi les apôtres, il était originaire de la Judée, et puisque les gens de Judée étaient des administrateurs (économe peut-être polyglotte ?) plus habiles que les Galiléens, à Judas fut confiée la bourse apostolique. Sans doute était-il naturellement le plus apte à cette tâche. Utiliser les dispositions naturelles d'un homme, c'est le garder autant que cela est possible de l'apostasie, de la brouille et du méconten­tement. Mais aussi, les tentations dans la vie nous viennent sou­vent des choses pour lesquelles nous avons les plus grandes aptitudes.

Il faut qu'il y ait d'abord une faute intérieure avant que se produise la faute extérieure. Judas était avare. L'avarice est un péché pernicieux ; alors que les autres vices s'affaiblissent avec l'âge, l'avarice est toujours jeune. La cupidité de Judas se révéla particulièrement chez Simon quand celle qui n'était point conviée, la pécheresse, fit irruption pendant le souper, versa du baume sur les pieds de Notre-Seigneur et l'essuya de ses cheveux. Et la maison fut remplie de parfum.

Judas assistait au repas ce jour-là. Judas savait que la tra­hison du Seigneur était proche. Marie, la pécheresse, savait que sa mort était proche. Mettant le masque de la charité, Judas fei­gnit la colère devant le gaspillage du baume précieux. « Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum trois cents deniers pour les donner aux pauvres ? Il dit cela, non qu'il se souciât des pauvres, mais parce qu'il était voleur, et qu'ayant la bourse, il dérobait ce qu'on y mettait ».

Notre-Seigneur ne rendit point à Judas l'affront que lui fai­sait ce dernier. Il y a dans ses paroles quelque chose d'indiciblement triste et de si patient, de si tendre et de si doux : « Laisse-la ». Certes il ne saurait y avoir de gaspillage au service du divin amour.

Il y aura toujours des âmes pareilles à Judas pour se scan­daliser des richesses offertes au Christ dans son Église. Si un homme peut, sans causer le scandale, donner des joyaux à la femme qu'il aime, pourquoi l'âme ne pourrait-elle, en tribut d'amour, verser son abondance aux pieds du Dieu qu'elle aime ?

Notre-Seigneur loua la femme, disant qu'elle l'avait oint pour sa sépulture. Judas fut choqué. Ainsi Il allait donc mourir !

Un peu plus tard, le mercredi de la Semaine sainte, Notre-Sei­gneur prédit à ses apôtres ce qui allait arriver. Judas entendit Ses paroles : « Vous savez qu'après deux jours ce sera la pâque, et que le Fils de l'Homme sera livré pour être crucifié ».

Le Christ allait être crucifié. C'était sûr. Dans le cataclysme général, il fallait que Judas sauvât quelque chose pour satisfaire sa cupidité. « Alors l'un des Douze, appelé Judas Iscariote, alla trouver les Princes des Prêtres et leur dit « Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai » ? Et ils lui comptèrent trente pièces d'argent. » Huit cents ans plus tôt Zacharie avait prophétisé : « Si vous le trouvez bon, octroyez-moi mon salaire ; sinon, laissez. Et ils pesèrent mon salaire, trente sicles d'argent ». (Zacharie XI, 12.) Celui qui revêtit la forme du serviteur fut vendu pour le prix d'un esclave.

Le lendemain soir, à la dernière Cène, quand Notre-Seigneur fit Son testament, Il nous légua ce que jamais mourant n'a pu léguer, c'est-à-dire Lui-même, le Sauveur parla de nouveau de la trahison : « ...L'un de vous va me trahir ». Les disciples se regardèrent l'un l'autre, disant : « Est-ce moi, Seigneur, est-ce moi » ?

Aux yeux de Dieu, nulle conscience n'est pure ; nul ne peut être assuré de son innocence. Judas demanda donc : « Est-ce moi, Rabbi » ? Le Seigneur répondit : « Tu l'as dit ». Alors Judas sortit, et « c'était la nuit ». C'est toujours la nuit quand on se détourne de Dieu.

Quelques heures plus tard, Judas descendait la colline de Jérusalem à la tête d'une troupe de soldats. Bien qu'il fît pleine lune cette nuit-là, les soldats ne connaissant pas celui qu'ils devaient appréhender, demandèrent à Judas un signe. « Celui que j'embrasserai, c'est lui, arrêtez-Le. »

Traversant le ruisseau du Cédron et pénétrant dans le Jardin, Judas jeta les bras autour du cou de Notre-Seigneur et d'un bai­ser flétrit ses lèvres. Un mot en retour : « Ami ». Puis la ques­tion : « Trahis-tu donc le Fils de l'Homme par un baiser » ? Ce fut la dernière parole que Jésus adressa à Judas. Judas avait droit au veau gras, mais il préféra le veau d'or.

Seul, Judas savait où trouver Notre-Seigneur à la nuit close. Les soldats l'ignoraient. C'est du dedans que le Christ dans son Église est livré aux mains de ses ennemis. C'est du mauvais catho­lique que vient la trahison. Ce ne sont pas les ennemis qui font à la cause du Christ le plus grand mal, mais ceux que l’Église a entourés dès le berceau et qui ont été élevés dans la foi. Le scandale des apostats fournit des occasions aux ennemis encore craintifs. Les ennemis accomplissent l'œuvre sanglante de la cru­cifixion, mais ceux qui ont vécu dans l'union avec le Christ leur préparent la voie.

Judas montra pour la cause de l'ennemi plus de zèle que pour la cause de Notre-Seigneur. De même, les hommes qui quittent l’Église cherchent en l'attaquant à apaiser leur conscience inquiète. Puisque leur conscience se refuse à les laisser tranquilles, ils refusent de laisser tranquille le guide de leur conscience. Le Voltaire railleur fut le Voltaire qui abandonna l’Église. La haine n'est pas due à l'incroyance, mais bien l'incroyance à la haine. L’Église inquiète les pécheurs dans leur péché ; ils sentent que s'ils pouvaient la chasser du monde, ils pourraient pécher avec impunité.

Mais pourquoi trahir par un baiser ? C'est que trahir la divi­nité est un crime si abominable qu'il faut toujours le faire précé­der de quelque marque d'affection. Que de fois dans les discussions religieuses, entendons-nous une louange du Christ dans son Église, suivie d'un « mais » qui introduit l'insinuation malveil­lante.

Nous pouvons attaquer les choses humaines sans chercher des excuses, nul besoin en ce cas d'un amour hypocrite pour servir de fourreau à l'épée qui tue. Mais en présence du sacré et du divin, il faut feindre l'affection quand l'affection devrait être sans feinte.

Nombreux sont ceux qui attaquent les croyances de l’Église pour la seule raison, disent-ils, qu'ils voudraient garder pure sa doctrine. S'ils s'en prennent à sa discipline, c'est qu'ils veulent conserver une liberté, ou même une licence, qu'ils croient essen­tielle à la piété. S'ils accusent l’Église de n'être pas assez spiri­tuelle, c'est qu'ils prétendent être les défenseurs de l'idéal le plus élevé — pourtant jamais aucun d'entre eux ne nous dit quel point de spiritualité doit atteindre l’Église avant qu'ils s'y rattachent. Mais chaque fois la déférence envers la religion précède l'hosti­lité à l'égard de la divinité : « Salut, Rabbi, et il l'embrassa ».

Le crime ne fut pas plus tôt commis que Judas en éprouva le dégoût. Les sources profondes du remords jaillirent dans son âme, mais, comme tant d'âmes de nos jours, il porta son remords à la mauvaise adresse. Il retourna vers ceux avec qui il avait trafiqué. Il avait vendu le Seigneur pour trente pièces d'argent.

Le prix reçu pour la trahison de la divinité est hors de toute proportion avec sa valeur réelle. Toutes les fois que nous vendons le Christ, que ce soit pour la richesse ou pour l'avancement, tels ceux qui abandonnent leur foi parce qu'ils ne peuvent faire une carrière politique en portant la croix sur leurs épaules, nous nous sentons toujours frustrés au bout du compte.

Rien d'étonnant à ce que Judas reportât les trente pièces d'argent à ceux qui les lui avaient données, et qu'il les envoyât rouler et tinter sur le pavé du Temple en disant : « J'ai péché en livrant le sang innocent ». Il ne voulait plus de ce qu'il avait tant désiré naguère. Tout l'attrait avait disparu. Ceux-là même à qui il rendit l'argent n'en voulurent pas. Cet argent n'était bon à rien qu'à acheter le champ du sang. Il restitua l'argent, les âmes ne sont pas sauvées par l'abandon de leur avoir, mais par le don de leur être.

Éprouver le dégoût du péché ne suffit pas. Il faut aussi le repentir. L’Évangile nous dit : « Judas, qui l'avait trahi, voyant que Jésus était condamné, se repentit ». Mais Judas ne se repentit pas au vrai sens du mot. Ses sentiments changèrent. Il ne se repentit pas envers Notre-Seigneur, « il se repentit en lui-même ». Cela, c'est de la haine de soi, et la haine de soi conduit au suicide. Se haïr soi-même, c'est déjà se tuer. La haine de soi n'est salutaire que si elle est associée à l'amour de Dieu.

La désillusion et le dégoût, c'est peut-être un pas fait dans le sens de la religion, ce n'est pas la religion elle-même. Certains croient aimer Dieu parce que la vie n'a pas tenu toutes ses pro­messes, ou parce que leurs rêves ne se sont pas réalisés. Ils sou­piraient après un bonheur terrestre, il n'a été qu'un mirage. Les dépressions économiques, les chagrins, la maladie, les déceptions les ont peu à peu détachés du monde où ils ne trouvent guère, de plaisir. Ils n'ont plus l'espoir de recouvrer leur jeunesse, ils se mettent à détester faiblement le péché. Ils confondent la sagesse avec la satiété. Ils jugent des vertus par les vices dont ils s'abstiennent. Ils se soucient peu de l'approbation ou de la désapprobation du monde. Les amis anciens ne les intéressent plus ; ils n'en peuvent trouver de nouveaux.

Le résultat c'est, qu'au bout d'un certain temps, ils cherchent un réconfort dans la religion. Ils gardent les commandements parce qu'ils n'ont pas de motif assez fort pour ne pas les observer. Ils cessent de boire, et de se livrer aux autres vices parce que cela ruine leur santé. Leur vertu c'est l'inertie, ils ressemblent à des icebergs dans les courants froids de l'Arctique. Parce qu'ils sont remplis d'anxiété, de complexes et de craintes, ils se mettent à lire Freud et apprennent qu'il faut, d'une manière ou d'une autre, sublimer leurs émotions. Ils se repentent, mais ils se repentent pour eux-mêmes. Ils regrettent leur sort, mais ils ne regrettent pas d'avoir offensé Dieu.

Et quand donc commença la trahison de Judas ? Le premier témoignage de sa chute que nous ayons dans les Évangiles se rapporte au jour où Notre-Seigneur annonça qu'il léguerait sa personne au monde dans l'Eucharistie. Dans la merveilleuse his­toire de ce grand sacrement, s'introduit la suggestion que le Sau­veur savait quel était celui qui le trahirait. Notre-Seigneur venait d'annoncer qu'il continuerait à être présent dans le monde, caché sous la forme du pain. Ses paroles sublimes laissaient entendre que l'union avec lui serait plus intime que l'union entre le corps et les aliments que nous mangeons : « De même que le Père qui est vivant m'a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra aussi par Moi... Celui qui mange ce pain vivra éternellement ».

Notre-Seigneur, sachant ce qui se passait dans les âmes, poursuit : « Mais il en est parmi vous qui ne croient pas ». Et l’Évangile ajoute : « Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le tra­hirait ».

La trahison eut lieu la nuit même où Notre-Seigneur donna ce qu'il avait promis de donner pour la vie du monde, c'est-à-dire, la sainte Eucharistie.

Dans tout l’Évangile, aucun récit ne révèle mieux que la tragédie de l'apôtre traître, la puissance qu'a une passion unique pour enlacer, enchaîner un caractère d'homme, pour s'en emparer et le dégrader.

Quelles influences religieuses auraient pu être meilleures que celles dont fut entouré Judas, lui qui reçut dans son esprit, dans sa mémoire et dans son cœur l'empreinte de la Vie unique, incom­parable, d'où rayonnait l'ardeur de la sagesse et de la charité ? C'est donc nous qui le connaissons, nous qui possédons sa vérité et sa vie, c'est donc nous qui pouvons le blesser plus que ceux qui l'ignorent. Peut-être ne jouerons-nous jamais les grands rôles de traîtres ; nous trahirons par des signes insignifiants, pareils au baiser de Judas ; par le silence quand nous devrions prendre sa défense ; par la crainte de la moquerie quand nous devrions proclamer notre foi ; par une critique quand nous devrions porter témoignage ; par un haussement d'épaules quand nous devrions joindre les mains dans la prière. Vraiment le Sei­gneur peut bien demander : « Mon ami, vas-tu trahir le Fils de l'Homme par un baiser » ?

Judas descendit la vallée de Hinnom, la vallée des souvenirs terribles - la vallée de la Géhenne - il marchait sur le sol froid et pierreux au milieu des rochers aigus, entre les arbres noueux et rabougris auxquels ressemblait son âme torturée et tortueuse.  Tout semblait porter témoignage contre lui : la poussière : il y était destiné ; le roc : c'était son cœur ; les arbres surtout parlaient, leurs branches étaient des bras accusateurs, des doigts qui le désignaient ; leurs nœuds étaient, semblait-il, autant d'yeux. Les feuilles frémissaient, refusant de participer à son inutile des­truction. Leur murmure semblait dire que tous les autres arbres de leur espèce trembleraient de honte jusqu'au jour final des Assises Suprêmes.


Prenant une corde dans sa ceinture (comme cette ceinture lui rappelait celle de Pierre où pendaient les clefs du Ciel !), il la lança sur une branche maîtresse, et en assujettit l'extrémité autour de son cou. On eût dit que le vent lui apportait l'écho de paroles entendues un an plus tôt : « Venez à moi, vous qui peinez et qui êtes accablés, et vous trouverez le repos de vos âmes ». Mais il se repentait pour lui-même, et non pas envers Dieu.

Et tandis que le soleil s'obscurcissait, des deux côtés opposés de Sion, deux arbres prenaient place dans l'histoire : l'arbre du Calvaire, celui de l'espérance — l'arbre de Hinnom, celui du désespoir. Sur l'un était pendu Celui qui allait réunir le ciel et la terre ; et sur l'autre, celui qui voulait être étranger à la terre comme au ciel.

Le plus triste, c'est qu'il aurait pu être saint Judas. Il possé­dait ce que possède toute âme : une immense capacité de sain­teté et de paix. Soyons sûrs que, quels que soient nos péchés, sans égard pour les abîmes de nos trahisons, il est toujours une main tendue pour nous étreindre, un visage où brille la lumière du pardon, une voix divine qui nous dit la parole que jusqu'à la fin entendit Judas : « Mon ami ».

Mgr Scheen


lundi 10 avril 2017

L'abbé Schmidberger parle de prélature

La fin du reportage sur le site de Zaitzkofen se conclut ainsi (ordinations au sous-diaconat le 1er avril 2017) :

« Les cinq Lévites recevront ensuite le diaconat, puis, en Juin 2018, ils monteront  à l'autel comme prêtres. Peut-être alors que la Fraternité aura déjà été établie en prélature personnelle par Rome » !

(Die fünf Leviten sollen an der Pfingstoktav die Diakonatsweihe empfangen und dann Ende Juni 2018 als Priester an den Opferaltar treten. Vielleicht ist bis dahin die Bruderschaft von Rom schon als Personalprälatur errichtet.)


dimanche 9 avril 2017

Dieu Transcendant

Kyrie Eleison DVIII (8 avril 2017)



Aux hommes c’est ingrat si leur Dieu les dépasse.

N’empêche, le Bon Dieu de très loin les surclasse !


Si jamais il y a un moment de l’année où il convient en particulier de contempler la souffrance et mort de Notre Seigneur Jésus-Christ, c’est sûrement aujourd’hui, à la veille du Dimanche des Rameaux, juste avant la Semaine Sainte. Et chaque année cette contemplation devient plus nécessaire depuis 50 ans, parce que la souffrance de l’Église qui a éclaté avec Vatican II se fait toujours plus scandaleuse, toujours plus mystérieuse. Nous avons tous besoin de nous rappeler que Dieu est mystérieux, autrement dit qu’ Il dépasse infiniment nos petits esprits humains. « Car mes pensées ne sont pas les vôtres, ni vos voies les miennes. Car autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes pensées à Moi sont au-dessus des vôtres. » (Is. LV, 8–9).

Cette grande leçon nous est enseignée par le cinquième Mystère Joyeux du Rosaire, où à l’âge de douze ans Notre Seigneur a permis que sa Mère et St Joseph le perdissent pour leur rappeler qu’ Il devait s’occuper des choses de son Père. Sa Mère ne comprenait pas – « Mon Fils, pourquoi avez-vous agi ainsi avec nous ? » En effet, Il avait causé à ses parents humains trois jours d’anxiété intense – « Votre père et moi nous vous cherchions tout affligés. » Notre Seigneur leur répondit comme s’ils n’avaient eu aucune raison de s’affliger – « Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois aux choses qui regardent Mon Père ? » Mais leur anxiété avait été si intense que cette réponse n’était pas humainement compréhensible – « Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. » Néanmoins au lieu de Lui poser encore des questions, Marie « conservait toutes ces choses en son cœur, » pour mieux pénétrer dans les raisons de Dieu, même si elle n’avait pu comprendre.

Au futur Chef de l’Église, Pierre sur laquelle elle serait bâtie, la même leçon des voies de Dieu qui transcendent infiniment les nôtres devait être enseignée, même si plus rudement qu’à la tendre Mère de Dieu. Humain, par trop humain, Pierre reproche à Notre Seigneur Son audace pour avoir osé dire aux Apôtres qu’il montait à Jérusalem pour souffrir et mourir. La réponse de Notre Seigneur est mordante : « Retire-toi de Moi, Satan ! » et pourtant la réponse n’est pas essentiellement différente de celle qu’ Il a donnée à Sa Mère, « car tu ne goûtes pas les choses de Dieu, mais celles des hommes » (Mt. XVI, 21–23). Pierre venait d’être élu comme Pierre de l’Église (Mt. XVI, 16–18). A lui moins qu’à tout autre homme il ne pouvait être permis de penser plutôt humainement que divinement quand il devrait gouverner l’Église.

 
Pourtant Notre Seigneur reconnaît bien la pensée par trop humaine des hommes dès qu’il s’agit des choses de Dieu. Voilà pourquoi bientôt après avoir fait à Pierre ce reproche si dur, Il l’emmène avec Jean et Jacques sur le Mont Tabor pour que Sa Transfiguration y permît à Sa divinité de paraître tout éblouissante à travers Son humanité. Cela permettrait aux Apôtres d’être secoués jusqu’à la moelle par le déicide atroce qui aura lieu à Jérusalem, mais trois d’entre eux pourraient rendre témoignage de ce qu’ils auraient vu de leurs propres yeux, même avant la Passion, de la divinité qui brillait comme le soleil du dedans de l’homme crucifié sur le Calvaire (cf. II Pierre I, 16–18).

Et de nos propres jours ? Les Catholiques savent que l’Église est la continuation sur terre de la vie Incarnée du Christ sur terre, et donc en principe ils savent de même que tout comme les 33 ans du Christ se sont terminés par Sa Passion et Mort, de même l’Église Militante peut prendre fin sur terre en saignant de toutes ses blessures jusqu’à ce qu’elle soit virtuellement éteinte. Néanmoins, voir ceci en réalité arriver sous ses yeux est apte à secouer la foi de maint brave croyant – « Mais comment est-ce possible que ces Papes-ci, ces Cardinaux et ces Évêques constituent l’autorité de Dieu dans la structure de Son Église ? » Bien sûr, ils n’en sont pas en général les représentants dignes, mais où ailleurs trouve-t-on ceux qui constituent sa structure ? Patience. Même traîné au Calvaire, c’était Dieu. Même traîné dans le Nouvel Ordre Mondial, c’est Dieu. Mais Il n’a pas encore dit Son dernier mot !

Kyrie eleison.